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Idiocracy : Sommes-nous au début d’une apocalypse d’idiots ?

Idiocracy (2006) est un film qui nous montre un avenir dominé par des idiots dépendants de vieilles machines usées. Écrit et réalisé par Mike Judge, créateur des séries Silicon Valley, Beavis and Butt-Head et King of the Hill. Il est passé inaperçu dans les salles de cinéma et mais qui devint culte par la suite et qui nous et derrière les blagues un peu grossière nous pose la question : sommes-nous au début d’une apocalypse idiote ?

En creusant sur le sujet de futurs « possibles », j’ai dégoté quelques éléments de réponses sur le site Edge.org dont la devise est :

To arrive at the edge of the world’s knowledge, seek out the most complex and sophisticated minds, put them in a room together, and have them ask each other the questions they are asking themselves.

En gros : « Pour atteindre la frontière de la connaissance mondiale, trouver les esprits les plus complexes et les plus sophistiqués, les mettre dans une pièce ensemble, et les faire se poser les questions qu’ils se posent. »

Suivant cette devise, The Edge a posé une question à 150 personnes brillantes dans leurs domaines chaque année. Parmi les personnes consultées, un lauréat du prix Nobel, des chercheurs d’universités prestigieuses, des directeurs de publications scientifiques, des journalistes, des technologues, des artistes et des écrivains.

En 2013, la question de The Edge est : « De quoi devrions-nous nous préoccuper ? 36 des personnes consultées craignent l’augmentation de la bêtise et avec elle la superstition et la dépendance à l’égard de la technologie. Voyons ce que l’idiocratie prophétise, ce que craignent les personnes consultées par Edge et ce que cela a à voir avec nous, les gens ordinaires.

Dans Idiocracy, les idiots ont plus d’enfants que les intelligents

Idiocracy commence par déclarer qu’à l’époque moderne « l’évolution ne récompense pas nécessairement l’intelligence » et, puisque les gens intelligents sont moins nombreux, le nombre de stupides augmente.

Un mariage de personnes avec un QI élevé révèle qu’avoir des enfants est une responsabilité et que les temps sont difficiles. Devant ce couple, Clevon, un type peu intelligent, n’arrête pas d’avoir des enfants avec sa femme et ses deux voisins ; enfants qui deviennent parents adolescents.

Douglas T. Kenrick, professeur de psychologie à l’Université de l’Arizona, auteur de livres et d’articles scientifiques sur le comportement et la pensée humains, pense que l’approche du film est possible :

« De nos jours, les personnes ayant une bonne formation intellectuelle ont des familles plus petites, et comme les femmes ayant fait des études supérieures attendent plus longtemps pour avoir des enfants, elles ratent souvent leur période fertile et n’ont pas d’enfants. »

Kenrick commente des études qui suggèrent que l’augmentation de la bêtise est liée à la diminution de la richesse d’un pays. La pauvreté et la bêtise qui poussent les citoyens à voter pour des politiques conservatrices qui sont précisément celles qui ne favorisent pas l’éducation et la recherche scientifique.

On s’approche d’Idiocracy lorsque la science est méprisée

Le narrateur d’Idiocracy commente que « les esprits et les ressources les plus brillants se sont concentrés sur la lutte contre la chute des cheveux et la prolongation des érections ».

Est-ce que ça vous rapelle quelque chose ?

Frank Wilczek, physicien au MIT, estime que « l’humanité rate une opportunité pour que la science progresse, simplement parce que l’effort intellectuel passe de l’innovation à l’exploitation ».

La physicienne de Harvard Lisa Randall est d’accord quand il s’agit des États-Unis : elle se plaint que le financement de l’État va à des projets scientifiques qui génèrent des résultats immédiats. Ceci est incompatible avec la recherche de preuves ou d’exploration de théories complexes. Pour Randall, bien que la science puisse commencer avec un crayon et du papier sans expériences ni espoir d’expériences, la science théorique ne peut pas avancer.

Dans Idiocracy la notion de temps n’existe pas

Dans Idiocracy, le président Dwayne Elizondo Camacho annonce au pays en chantant que « l’homme le plus intelligent du monde résoudra tous les problèmes en une semaine ». Des problèmes tels que la sécheresse, la désertification et le manque de nourriture entre autres. Après une semaine sans résultat, des citoyens attaquent la Maison Blanche.

C’est un exemple parmi d’autres de la façon dont, dans Idiocracy, les gens ne sont pas conscients qu’il existe des processus qui nécessitent du temps. C’est le temps du « maintenant ».

L’écrivain et conférencier spécialisé dans les technologies de l’information, Nicholas G. Carr, pense qu’Internet use notre patience. Il commente qu’en 2006, la plupart des utilisateurs quittent un site Web si cela prend plus de 4 secondes. En 2013, des études menées par Google et Microsoft montrent que les utilisateurs s’impatientent si une page Web met plus de 250 millisecondes à s’ouvrir. Un clignement d’oeil.

« Les technologies numériques nous rendent plus hostiles aux retards dans tous les domaines », explique Carr. « Une impatience qui a des conséquences dans la création et l’appréciation de l’art, de la science, de la politique ».

L’impatience nous domine dès notre réveil. La plupart des choses nous semblent lentes : l’ascenseur ; la porte du garage; le sémaphore… le fonctionnaire de la Poste, dans certains services communaux on voit chaque jour des exemples de l’impatience – et de la bêtise – que suscite la technologie :

«Ces dernières années, les gens sont devenus plus impatients. Ils veulent tout maintenant ! Ils ne veulent pas attendre une semaine, trois jours ou un jour. Ils me disent : « Mais tu n’as pas internet pour le faire maintenant ? ». Bienvenue dans le monde d’Amazon Prime !

Qui ne se souvient pas du « temps analogique » avoir pris trois bus pour arriver à sa destintion ou avoir fait la queue pour retiré de l’argent à un guichet automatique ? Il semble qu’il n’y ait que de la patience pour camper deux ou trois jours avant un concert ou une finale de la Champions League. Ici, la télévision montre généralement un gars qui dit :
« Je suis au chômage, mais pour mon équipe de foot je ferais tout ce qu’il faut ; Ce sont les plus grands ! ». N’est-ce pas une pensée idiote ?

L’impatience atteint tous les domaines, même la science.

Stuart Firestein, professeur de biologie à l’Université de Columbia, affirme que le citoyen s’impatiente de la science (une autre conséquence du présentéisme). Il cite en exemple la « déclaration de guerre » de Nixon contre le cancer en 1971.

« Depuis lors, des millions de personnes sont mortes du cancer », écrit Firestein. « Cela pourrait paraitre un mauvais résultat, mais nous avons guéri de nombreux cancers auparavant mortels et évité un nombre inconnu de cas. » Firestein note qu’en cours de route, la fabrication de médicaments, la compréhension du système immunitaire et la façon dont le vieillissement se produit se sont améliorées. « Cependant, cette guerre contre le cancer est surtout connue pour les dollars qui y sont dépensés. »

Leo M. Chalupa raconte une anecdote :

« Un avocat m’a demandé si je faisais encore des recherches sur le fonctionnement du cerveau. Quand j’ai dit que je cherchais encore, il a été surpris. Il pensais qu’après dix ans d’efforts j’aurais découvert le Saint Graal. À ce moment-là, il m’est venu à l’esprit que cet homme très cultivé n’avait aucune connaissance du fonctionnement de la science […], que la recherche est une recherche sans fin ».

Tim O’Reilly, éditeur de livres sur la technologie et considéré comme un visionnaire de la technologie, craint que « si la science n’offre pas de solutions rapides, le monde tombe dans l’apathie, un manque de foi dans la science et le progrès s’installe, puis tombe en ruine. Laissant place à un nouvel âge sombre ».

Les citoyens d’Idiocracy ne s’arrêtent pas un seul instant pour observer les choses

Dans Idiocracy, l’un des plus gros problèmes est le manque de nourriture car les champs sont arrosés avec un soda sponsorisé par le gouvernement. Lorsque l’homme le plus intelligent du monde propose d’utiliser de l’eau à la place du soda, on se moque de lui.

Ursula Martin, professeur d’informatique à l’Université d’Oxford, craint qu’Internet n’érode la capacité d’observation. « Il fut un temps où la description et l’illustration étaient le pain et le beurre des scientifiques professionnels et amateurs », écrit Martin. « Les livres et les lettres de Darwin sont pleins de descriptions minutieuses. »

Le professeur Martin pense que Google peut offrir des images et des données d’une plante d’une manière jamais égalée auparavant, mais qu’aucune image ne peut être aussi précise que Darwin. Elle nous engage à former notre attention dans les petites choses.

Dans Idiocracy il n’y aucune connaissance de l’histoire

Dans le Washington d’Idiocracy, un parc à thème présente une version tordue de l’Histoire. Et pas en raison d’intérêts politiques – comme c’est le cas dans chaque pays – mais plutôt par pur désintérêt pour le passé.

Pour l’historienne des idées Noga Arikha, l’indifférence à l’histoire est le résultat d’un « présentisme » : considérer qu’il n’y a d’autre réalité que le présent, que le passé est irréel. Arikha accuse l’utilisation abusive d’Internet :

«La connaissance d’un sujet au-delà de la date actuelle semble diminuer chez les personnes qui ont grandi avec l’ère d’Internet […]. Tout ce qui est au-delà de 1945 est un paysage lointain et sale ; les siècles se confondent dans un magma insignifiant. Des noms célèbres clignotent sur un écran […]. Tout est égalisé.

Arikha certifie une expérience que beaucoup d’entre nous ont vécue. Il est courant que dans une conversation informelle avec une personne de moins de trente ans, une personne que l’on considère instruite, mentionne un personnage emblématique et l’interlocuteur hausse les épaules : « Qui est-ce ? ou « Je ne le connais pas ». Même dans de nombreuses listes insignifiantes du type « la meilleure série télévisée de l’histoire », il y a un échantillon de l’ignorance et du désintérêt de l’écrivain, qui ne fait pas référence à des documents antérieurs à son adolescence.

Selon Arikha, pour de nombreuses personnes, « Internet est devenu leur bibliothèque de référence, mais les étudiants l’utilisent comme leur seule recherche ». Étudiants incapables de « mesurer la pertinence, la hiérarchie, la précision et les références croisées ». Pas étonnant que ces étudiants avalent des canulars aussi gros que des maisons.

Pour Nicholas Humphrey, professeur à la London School of Economics, plus que du désintérêt, le danger d’Internet est qu’il nous transforme en « de simples touristes de la connaissance, sautant d’attraction en attraction sans toucher le sol. Pour la plupart, l’important est la destination et non le voyage.

Dans Idiocracy, la lecture et l’écriture se sont fortement dégradées

Lire et écrire est une « chose de pédé ». Dans le film, les journaux et les magazines et les affiches d’établissements populaires contiennent des fautes d’orthographe et de grammaire scandaleuses que les soi-disant « nazis de la grammaire » imploseraient en corrigeant. D’autre part, les citoyens ont des problèmes de compréhension en lecture.

David Gelernter envisage un avenir tout aussi désastreux pour l’écrit et désigne Internet comme le coupable. Le paradoxe est que Gelernter travaille à créer et à développer des technologies de pointe pour Internet. Dans les années 80, elle a posé les bases des moteurs de recherche et plus tard des outils de flux avec lesquels fonctionnent les réseaux sociaux.

Pour Gelernter, Internet dégrade l’écrit car « il n’y a pratiquement pas de temps entre l’écriture et la publication. L’écrivain publie vite – souvent les premières ébauches – pour des lecteurs qui lisent vite et prêtent peu d’attention. Cette inattention force l’écrivain à une écriture terne dont le seul but est la consommation rapide.

Gelernter note que certaines études révèlent que les étudiants américains écrivent aujourd’hui moins efficacement que les étudiants de 1960.

Aujourd’hui, notre écrit est bien pire qu’il y a juste quelques décennies. Ce blog en est également la preuve 🙂
Lorsque nous trouvons des titres bidons et mal rédigés (pas quelques coquilles sur 3 000 mots), nous disons : « C’était le stagiaire ! » Mais rappelons-nous que cette personne est en possession d’un baccalauréat.

Roger Schank pense également que le langage se dégrade et que l’une des raisons est que « les étudiants mémorisent pour réussir les tests, mais sont incapables de raisonner et de mettre leurs réflexions par écrit ».

Gavin Schmidt, un climatologue de la NASA, note que l’écart entre l’actualité et ce que le public comprend se creuse. Le désintérêt à se plonger dans l’actualité a des conséquences. « Il n’est pas surprenant que les discussions dans les rues dégénèrent souvent en un simple tribalisme. »

Dans Idiocracy, il y a une forte dépendance aux machines

La technologie sophistiquée et sa maintenance est dirigée par des crétins. Par exemple, il existe une machine qui diagnostique parfaitement les maladies. Cependant, personne ne sait comment elles fonctionnent et elles sont mal entretenus. Il semble qu’elles aient été créés il y a bien longtemps et que ceux qui les utilisent le font par mimétisme.

La psychologue Susan Blackmore envisage un avenir similaire à celui dépeins dans le film, un tas de machines et de technologies qui fonctionnent avec un doigt sans raison :

« Un monde dans lequel les humains gèrent les ressources pour alimenter un nombre croissant de machines en échange de plus de plaisir, de jeux, d’informations et de communication. »

Pour Blackmore, le problème est : « Et si tout le système s’effondrait ? Que ce soit en raison du changement climatique, des pandémies ou d’autres catastrophes […] et nous ne pouvons pas utiliser nos téléphones, satellites et serveurs internet. Pourrions-nous glisser nos doigts sur un écran pour nous nourrir ?

On vit déjà un peu dedans lorsque l’on constate qu’il y a des gens qui dépensent 1200 euros pour un téléphone dernier cri et la première chose qu’ils font est de s’enregistrer entrain de roter sous l’eau.

Il est de plus en plus courant de trouver des jeunes avec des téléphones sophistiqués avec d’immenses possibilités qui disent : « Je ne l’utilise que pour WhatsApp et je prends des selfies. » Ils demandent : « Est-ce qu’il pleuvra demain ? ou « Le lundi est-il férié ? »

Blackmore pense que les écoles devraient devenir analogiques : apprendre aux enfants à raisonner et à utiliser leurs mains dans des activités telles que la menuiserie, la cuisine, l’agriculture… Chose qui se faisait il n’y a pas encore si longtemps.

Dans Idiocracy, des stars stupides sont au pouvoir

Le président des États-Unis – de l’empire américain – est Dwayne Elizondo Camacho, quintuple champion de lutte professionnelle et « superstar » du porno. Il est inévitable que la célébrité le hisse à la présidence même sans formation et comptant sur quelques crétins de conseillers qui répètent les slogans des multinationales qui ont rachetées le gouvernement.

Comme le commente le producteur de musique et artiste Brian Eno qui répond à The Edge, sa crainte est que « la plupart des gens intelligents que je connais ne veuillent rien avoir à faire avec la politique ».

Eno considère que la politique américaine est faites par des idiots qui entrainent leur pays dans des guerres interminables comme l’ Irak ou l’Afghanistan, qui saignent des pays pauvres grâce au systèmes de dettes et aident des dicacteurs de tout bord à se maintenr au pouvoir pour leurs intêrets particuliers ou celles des banques multinationales.

« Mais nous ne faisons pas de politique », se plaint-il. Nous attendons des autres qu’ils le fassent à notre place et nous nous plaignons quand ils se trompent […]. La responsabilité ne s’arrête pas aux urnes. Nous arrêtons de faire les choses et permettons aux autres de les faire pour nous.

Roger Schank voit aussi la politique comme pleine d’idiots. Schank est l’un des principaux chercheurs mondiaux en intelligence artificielle, en théorie de l’apprentissage et en construction d’environnements d’enseignement virtuels. Pour lui, la preuve de la bêtise des hommes politiques se voit lorsqu’ils débattent d’un problème au Congrès (des États-Unis) : « Il semble que nos représentants soient incapables de faire une argumentation raisonnée.

Dans Idiocracy, les gens parlent fort et le président a besoin d’une mitrailleuse pour se faire entendre. Les parlementaires n’utilisent pas de meilleurs manières dans leurs interventions. Nous nous sommes habitués à leur pantomime : certains explosent pour recevoir les applaudissements des leurs tandis que les autres répondent par des crises de colère et des sifflements.

Pour l’océanographe Bruce Parker, la culture de l’image dans laquelle nous sommes immergés n’oblige pas les politiques à avoir des mérites ou des réalisations vérifiables pour être élus :

« Ils ont juste besoin de convaincre les gens de voter pour eux […]. Ils utilisent la manipulation émotionnelle avec des appels à la religion, au patriotisme, aux différences de classe, aux préjugés ethniques, etc. Des clips superficiels et des publicités de campagne qui ressemblent à des bandes-annonces de films. ‘

Pour Bruce Parker, les partis élisent des candidats mal informés voire stupides, mais qui offrent une bonne image à la nouvelle culture internet.

Dans Idiocracy, les médias abrutissent les gens

Le film le plus regardé dans Idiocracy s’appelle « ASS ». Une heure et demie avec un âne au premier plan. (Je pense à Jene Selter, une jeune femme sans mérite, mais avec près de 8 millions de followers sur Instagram grâce à son cul. Un cul n’est pas un mérite).

L’émission la plus regardée dans Idiocracy est « Oh! mes couilles », qui ravirait Homer Simpson : un type ordinaire donne des coups de pied et des accidents dans les testicules.

Une émission qui est un miroir d’America’s Got Talent.

Pas étonnant que Roger Schank se soucie de la télévision :
« La télévision encourage la glorification de la bêtise […], des programmes qui montrent clairement qu’en agissant mal, vous vous rendrez riche et célèbre. Des programmes dans lesquels ils parlent sans avoir à étayer ce qu’ils disent avec des preuves.

Schank pense que les grandes entreprises recherchent la glorification de la stupidité si elles n’en profitent pas. Le psychologue écrit :
« Ceux qui vendent de la drogue ne veulent pas que les gens demandent des informations sur les conséquances de la drogue […]. Les politiciens qui coupent des aides sociales ou des investissements pour la santé ne veulent pas que les gens demandent pourquoi on ne parle jamais de coupes budgétaires […]. Les personnes qui dirigent les organes de presse ont un objectif et diovent tenir un agenda politique ou économique et ne veulent surtout pas des penseurs qui comprennent ce qui se passe dans le monde. »

Larry Sanger, co-fondateur de Wikipedia et Citizendium, accuse également les médias de bêtise croissante, en particulier les médias en ligne :

« Les sites en ligne nous rendent stupides et hostiles envers les autres », écrit Sanger. « Les communautés d’information, d’information, d’opinion et de débat sont dominées par un seul point de vue. Les exemples sont le Huffington Post à gauche et National Review Online à droite.
Sanger pense que l’essor d’Internet semble susciter l’hostilité entre les partis politiques, ce qui rend de plus en plus difficile la recherche de compromis politiques significatifs.

On se souvient tous comment les adeptes des partis défendent l’indéfendable à travers les réseaux sociaux : les corrompus, les idiots, les méchants sont les autres.

Sanger dit que « les sites en ligne sont attrayants car ils renforcent nos hypothèses de base et nous donnent des points de discussion faciles à digérer […]. Ils nous rendent trop confiants et peu critiques. Ils nous éloignent les uns des autres, même des amis et de la famille qui ne partagent pas nos opinions, car il est très facile et amusant de diaboliser l’opposition d’un site Web.

Bruce Parker estime que le divertissement offert par Internet a créé une nouvelle culture : « C’est une culture ascendante avec un effet brutalisant qui est susceptible d’avoir des répercussions à court terme.
Pour Parker, « comme de plus en plus de monde passe toute leurs journées à base de divertissements [en ligne], ils ont moins d’heures pour des activités qui favorisent l’intelligence, la compassion et pour s’intéresser à ce qui sort de leur propre microcosme virtuel « .

Dans Idiocracy il n’y a pas d’individualité

Dans Idiocracy, les médias homogénéisent les modes, les goûts et les intérêts. D’un autre côté, il y a une poignée d’entreprises qui monopolisent l’industrie. Tous les cafés sont des Starbucks, une boisson énergisante comme saveur prédominante, Costco est le seul endroit pour faire du shopping… Les vêtements contiennent des logos de différentes marques. En conséquence, la pensée des citoyens s’est homogeneisé également.

Résultat : Il n’y a pas plus d’intérêt que de plaisir immédiat. Les problèmes urgents sont mis de côté pour tirer un coup rapidement. Peu importe ce qui est en jeu. Même le sexe est au-dessus de la probabilité de perdre votre vie.

Le « présentisme » évoqué par Noga Arikha empêche de s’analyser, d’être attentif à ses goûts, ses intérêts ou ses besoins. Tout le monde va où tout le monde va, et tout le monde fait ce que tout le monde fait.

On craint que les protagonistes de Gandía Shore ne soient pas très différents de ceux de Jersey Shore (USA), Geordie Shore (Royaume-Uni), Acapulco Shore (Mexique) ou Warsaw Shore (Pologne). Il suffit de regarder quelques minutes de vidéos YouTube pour s’en rendre compte. Une preuve d’homogénéisation culturelle.

En effet, Hans Ulrich Obrist, co-directeur de la Serpentine art gallery à Londres, se plaint que les villes de la plupart des pays se ressemblent, que leurs citoyens ont les mêmes goûts et intérêts et que l’individualité des artistes est écrasée. Pour Obrist, l’homogénéisation est au début de la destruction d’une civilisation.

Nicholas Humphrey craint que si tout le monde fait les mêmes choses, voit les mêmes spectacles et va aux mêmes endroits, la créativité soit bridée : « Nous devons craindre que les expériences individuelles disparaissent ; Ils sont ce qui conduit à l’union des idées.

O’Reilly rappelle que « dans le passé, le flambeau du progrès passait d’une région du monde à une autre. Mais maintenant, pour la première fois, nous avons une seule civilisation mondiale. Si cela échoue, nous échouons tous ensemble. Je metterais tout de même un bémol car les pays asiatiques sont sur carrément sur une autre dynamique.

Beaucoup de prédictions sont catastrophiques. Il existe des solutions. L’un d’eux ne suit pas le troupeau. Peut-être que la solution se trouve dans le discours final du protagoniste, un gars ordinaire cryogénisé et qui se réveille dans un futur stupide :

JOE : Tu sais ? Il fut un temps dans l’histoire de ce pays où les gens intelligents étaient considérés comme des gens cool, mais les gens intelligents faisaient des choses… comme construire des navires et des pyramides, et allaient même sur la lune. Et il fut un temps dans l’histoire de ce pays, il y a longtemps, où la lecture n’était pas qu’une affaire de pédés et l’écriture non plus. Les gens ont écrit des livres et des films, des films qui racontaient des histoires. Et vous vous souciez d’a qui appartenait le cul et pourquoi il pète… et je suis convaincu que cette époque se répétera à nouveau.

Article original du site Live Sensei

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